La Une des journaux sénégalais du weekend :le poste de premier ministre aux plumes des journalistes
Les quotidiens ont commenté la restauration du poste de Premier ministre au sein des institutions sénégalaises, pour leur édition du week-end.
L’Assemblée nationale a adopté, vendredi, à une large majorité, le projet de loi présenté par le gouvernement en vue de la restauration de ce poste.
Quatre-vingt-douze députés – la chambre parlementaire compte 165 membres – ont voté pour cette réforme. Deux voix contre le projet de loi et huit abstenions ont été dénombrées.
Il reste maintenant au chef de l’Etat de promulguer la loi votée, afin de pouvoir nommer le futur chef du gouvernement, un peu plus de deux ans et demi après la suppression de la primature.
‘’Le projet de loi portant révision de la Constitution est passée comme lettre à la poste, entraînant du coup le retour, dans l’architecture gouvernementale, des fonctions de Premier ministre’’, constate WalfQuotidien.
Même si la modification constitutionnelle a été adoptée à une large majorité, le groupe parlementaire majoritaire à l’Assemblée nationale, Benno Bokk Yaakar (BBY), a ‘’essuyé attaques, critiques et quolibets de l’opposition parlementaire qui dénonce un ‘énième tripatouillage’ de la Constitution’’, écrit-il.
Le Soleil s’est appesanti sur les raisons invoquées par le gouvernement pour proposer aux députés la restauration de la primature. ‘’La vie des institutions est rythmée par des changements qui s’opèrent à la lumière des circonstances politiques, administratives et sociales (…) Autrement dit, l’architecture institutionnelle ne peut aucunement être figée, et sa configuration doit épouser les préoccupations du moment et obéir aux priorités définies’’, écrit Le Soleil.
Il a cité le garde des Sceaux, ministre de la Justice, Malick Sall, chargé de présenter aux députés le projet de loi et de le défendre.
Bés Bi Le Jour parle d’un plébiscite du texte présenté par le gouvernement à l’Assemblée nationale. ‘’Un plébiscite (…) puisqu’il n’est pas coutume de voir majorité et opposition aller dans le même sens’’, fait-il remarquer, prenant le contrepied de WalfQuotidien, lequel signale de profondes divergences entre le groupe parlementaire BBY et les autres composantes de l’institution parlementaire.
‘’Le retour du poste de PM est une bonne nouvelle qui permet au parlement de retrouver son âme (…) C’était un viol constitutionnel que de supprimer ce poste’’, argue le député Abdoul Aziz Diop dont les propos sont relayés par Libération.
EnQuête fait entendre une voix discordante, celle de Déthié Fall. ‘’Force est de reconnaître que le président Macky Sall, sa (…) politique et sa vision obéissent plus aux réalités de son parti politique (…) qu’aux réalités socioéconomiques des Sénégalais. Nous allons signer avec lui ce projet de loi qui ne traduit rien d’autre qu’un aveu de tâtonnements et d’errements’’, a soutenu le député d’opposition.
‘’La primature restaurée dans la douleur : farouche et longue bataille d’arguments et de procédures entre majorité et opposition’’, écrit Vox Populi.
‘’Même s’il n’y a pas eu unanimité, le projet de loi portant restauration [du poste de Premier ministre] a été massivement adopté par 92 députés de la coalition BBY’’, note-t-il.
L’As a constaté que ‘’les débats ont été particulièrement houleux, car les adversaires du régime trouvent que ce rétropédalage institutionnel est un aveu d’échec du président Macky Sall’’.
Le Quotidien chahute la décision parlementaire. ‘’L’Assemblée nationale a rétabli ce qu’elle avait supprimé. Quel merveilleux pays ! Sans gêne, les députés de la majorité sont redevenus en trente mois les défenseurs de la primature. Un poste qu’ils avaient enterré sous la dictée de leur patron (Macky Sall)’’, plaisante-t-il.
‘’Comme des pavloviens, ils répètent que l’élection de Macky Sall à la tête de l’UA l’empêche de gérer (…) l’exécutif. En vérité, Macky Sall cherchait un prétexte pour revenir sur ses pas’’, commente Le Quotidien.
Il fait allusion à la présidence tournante de l’Union africaine, qui sera assurée en 2022 par le chef de l’Etat sénégalais, un mandat invoqué par le gouvernement pour restaurer les fonctions du Premier ministre.
‘’L’opposition se défoule sur la majorité parlementaire’’, écrit Sud Quotidien, ajoutant que le ‘’vote a été précédé d’un débat houleux de plus de cinq [heures] d’horloge entre les députés de l’opposition qui accusent leurs collègues de la majorité de s’être entêtés (…) en votant la suppression de ce poste, le 4 mai 2019’’.