La presse fait cap sur le décès d’IBK

Avalanche de réactions dans la presse ouest-africaine après le décès d’Ibrahim Boubacar Keita survenu hier à Bamako.

« IBK, ex-président du Mali n’est plus ! », soupire Malijet.

« Un grand patriote, homme d’État s’en est allé », s’exclame Le 22 Septembre.

Sahel Tribune, toujours au Mali, relève que « dès l’annonce du décès de l’ex-chef de l’État, ils ont été nombreux à exprimer leur tristesse. Macky Sall, le président sénégalais, qui se dit “peiné d’apprendre” cette disparition. Quant au président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, il s’est dit “consterné”. Le président ivoirien, Alassane Ouattara, lui, a rendu”hommage à grand homme d’État et à un ami de la Côte d’Ivoire”. »

Dégel ?

Du coup s’interroge Sahel Tribune, « les sanctions imposées au Mali vont-elles empêcher ces fidèles alliés d’IBK de prendre part à ses obsèques ? Les autorités maliennes de la transition et les chefs d’État des organisations ouest-africaines vont-ils tenir compte de ce cas de force majeure et ouvrir exceptionnellement les frontières pour les funérailles de cet ancien serviteur du Mali ? »

« IBK aura-t-il droit à des obsèques dignes d’un chef d’État ou bien sera-t-il inhumé dans l’intimité ? », se demande également Walf Quotidien à Dakar. « Dans l’un ou dans l’autre cas, un déplacement des chefs d’État de l’organisation régionale aux obsèques de l’ex-président pourrait constituer un dégel de la crise malienne,estime le quotidien sénégalais. Les chefs d’États de la Cédéao devraient réfléchir à comment apaiser la tension au Mali sans recourir à un bras-de-fer avec Bamako afin de pouvoir rendre hommage à un des leurs. »

Wakat Séra se prend à rêver : « et si le Mali et la Cédéao mettaient fin à la guerre pour pleurer IBK ? » Mais le site burkinabè redescend vite sur terre avec cette remarque : « sans doute un vœu pieux ! »

Emporté par le chagrin ?

En tout cas, « l’ex-président laisse un Mali dans la tourmente post-putsch », pointe Mourya, la Voix du Niger. « Le Mali qui part en vrille n’a pas été d’un grand bien pour ce francophone et francophile bon teint, patriote et panafricaniste (…). La misère des populations, consécutive aux sanctions de la Cédéao, les solutions de sortie de crise, bref un Mali dans la tourmente, sont autant de possibles causes du décès du septuagénaire », affirme le périodique nigérien.

En effet, renchérit Aujourd’hui à Ouagadougou, « c’est plus le chagrin qui aurait emporté IBK que la pathologique physique. Miné par un Mali qui va à vau-l’eau depuis son renversement, et par son legs qui est détricoté, et à titre personnel par les péchés d’Israël dont on l’accable, “le châtelain de Sebénikoro” aurait-il préféré partir avant de voir son Mali toucher le fond ? Un Mali insécurisé, lesté de lourdes sanctions de la Cédéao, au ban de la sous-région et de la Communauté internationale, une junte en butte avec justement les instances ouest-africaines, c’était peut-être plus que ne pouvait en supporter IBK ».

Amer ? Déconnecté ?

Jeune Afrique s’interroge en écho : « aux ultimes heures de sa vie, restait-il amer de ces mois de contestation et de ce putsch venu mettre fin à une vie dédiée à la politique ? Lui que l’on avait dit déconnecté de la réalité du Mali avait-il finalement compris ce qui avait précipité sa chute ? Lors de ses dernières années au pouvoir, on lui avait reproché son incapacité à mettre fin aux violences des groupes terroristes, mais ses opposants raillaient aussi son népotisme et le dilettantisme de ce noctambule qui aimait se lever tard. C’était oublier que, longtemps, Ibrahim Boubacar Keïta avait été considéré comme un homme à poigne ».

Toutefois, relève encore Jeune Afrique, « alors que sa présidence est marquée par la lutte contre les groupes terroristes, il ne parvient pas à mettre fin à une guerre devenue ingagnable et se brouille peu à peu avec ses alliés. François Hollande, camarade de jeunesse (…), avait lancé l’opération Serval (devenue Barkhane) en janvier 2013, mais Emmanuel Macron l’avait lâché, disait-il. Il reprochait à Paris de lui lier les mains et de n’agir que pour son propre intérêt. Lorsqu’il est emmené par les putschistes, en août dernier, l’Élysée ne dira d’ailleurs mot. Ce sentimental, dont le grand-père était mort à Verdun, n’avait jamais pardonné à la France ».

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