Akon ou le modèle de réussite sénégalo-américain
Lorsqu’on entend Akon s’exprimer en Wolof, un des dialectes les plus utilisés au Sénégal, avec un fort accent américain, on a envie de se demander en quelle langue pense la star. Pour lui, il n’y a pas de doutes à avoir. « J’ai un esprit africain. Je me vois comme un enfant d’Afrique ayant vécu en Amérique. J’ai peut-être étudié là-bas mais j’ai été élevé en Afrique. Mes parents et moi revenions en Afrique chaque été pour des vacances. Et puis, quand j’ai dû aller au lycée, j’avais le choix entre retourner en Afrique ou rester aux États-Unis. Les possibilités aux États-Unis étaient bien plus grandes, donc je suis resté », confie Akon.
De ses débuts artistiques…
En fait, l’artiste, à l’état civil Alioune Badara Thiam, est né le 16 avril 1973 à Saint Louis, aux Etats-Unis. Il grandit pourtant au Sénégal, avant de retourner à l’âge de 7 ans aux Etats-Unis, auprès de son père, le percussionniste Mor Thiam. Sur place, il développe une véritable passion pour le hip hop. Mais avec l’univers particulier de cette musique de protestation, le jeune homme finit par se retrouver en contact avec la délinquance des gangs. Après un vol de voitures, il sera emprisonné pendant trois ans. En prison, il occupe ses journées à l’écriture de chansons et à sa sortie, il enregistre une maquette dans un studio aménagé chez lui.
Après avoir fait le tour des maisons de disques, il attire l’attention de SRC/Universal qui accepte, en 2004, de produire Trouble son premier album. En quelques semaines, Locked Up, un titre écrit juste après sa sortie de prison, devient un véritable tube. L’album lui-même, un étonnant cocktail de styles musicaux d’Afrique de l’Ouest et de sonorités américaine, finit numéro 1 des ventes au Royaume-Uni en avril 2005.
Le deuxième album d’Akon, Konvicted sort le 14 novembre 2006. Il inclut des collaborations avec Eminem, Snoop Dogg, Styles P. et Brick and Lace. Avant que l’album ne soit mis en vente, Akon sort le single Smack That en featuring avec Eminem. Le clip est réalisé par Raymond Garced et sort en août 2006. Il atteint la deuxième place du Billboard Hot 100 et s’y maintient pendant cinq semaines consécutives. I Wanna Love You (featuring Snoop Dogg) est le deuxième single : sorti en septembre, il atteint la première place sur le même chart et devient respectivement le premier et le deuxième numéro un pour Akon et Snoop Dogg. I Wanna Love You reste en première position des classements de singles américains pendant deux semaines consécutives. En janvier 2007, un troisième single, Don’t Matter, offre à Akon son premier numéro un en solo et le second consécutif sur le Hot 100. Mama Africa sort en single sur le marché européen en juillet 2007, et monte à la 47e place au Royaume-Uni.
Pour coïncider avec la sortie de l’édition deluxe de l’album, qui été certifié disque de platine, un cinquième single sort : Sorry, Blame It on Me. Il apparaît en septième place du Hot 100 en août 2007. La version de luxe de Konvicted sort le 28 août 2007. Le dernier single, confirmé par Akon, est Never Took the Time. Konvicted apparaît en seconde place du Billboard 200, se vendant à 286 000 la première semaine. Après seulement six semaines, Konvicted a été vendu à plus d’un million d’exemplaires aux États-Unis et à plus de 1,3 million dans le monde. L’album est certifié disque de platine après sept semaines, et double disque de platine après seize semaines. Il reste dans le top vingt du Billboard 200 pendant 28 semaines consécutives et est numéro deux à quatre reprises. Le 20 novembre 2007, la RIAA certifie l’album triple disque de platine avec 3 millions de copies vendues aux États-Unis. Il se vend dans le monde entier à plus de 4 millions d’exemplaires
Il crée son label Kon Live Distribution, qui coproduira le premier album de Lady Gaga. L’année suivante, il lance sa ligne de vêtements, Konvict Apparel. En décembre 2008, il sort un troisième album, « Freedom », qui sera certifié disque d’or. En 2011, Akon annonce Stadium, son quatrième album, initialement programmé pour l’été de l’année précédente. A ce jour, l’album n’est jamais sorti. Pendant les 3 ans qui suivent, l’artiste, qui a remporté de nombreuses distinctions, est de moins en moins présent sur la scène Showbiz. « J’étais un peu trop saturé », explique le chanteur. « J’étais à la radio, à la télévision. Je voulais juste… expérimenter davantage et faire des choses à l’international ». C’est donc à ce moment, en plein doute sur la prochaine étape, qu’Akon décide de créer Akon Lighting Africa.
…jusqu’à sa philanthropie des affaires
Durant ses tournées, Akon avait remarqué que l’absence ou le manque d’électricité l’empêchait d’organiser des concerts dans des pays où l’artiste souhaitait performer. La plupart de ces pays, qui se trouvaient en Afrique, ne pouvaient pas fournir les capacités électriques nécessaires pour les infrastructures utilisées pour les concerts de grande envergure. En plus, l’artiste a connu les problèmes d’électricité durant son enfance au Sénégal. Des années après son départ, le problème était resté sans solutions. « Cette idée m’est venue au Sénégal en revenant dans des quartiers où j’avais grandi et qui, quinze ans après, étaient toujours privés d’électricité.
Les infrastructures n’avaient pas bougé. Des anciens sont venus nous voir et nous ont demandé de trouver des solutions à la crise énergétique », a révélé Akon.
« A l’étape où je suis actuellement, je veux seulement me lancer dans des affaires qui vont aider les gens. Je suis dans une position privilégiée avec des moyens de faire des différences et de changer des vies. Alors, pourquoi ne pas le faire et gagner de l’argent en même temps ». Pour Akon, on peut faire des affaires et gagner de l’argent en améliorant des vies. Cette vision de l’entrepreneuriat, la star la défend depuis 2014 et le lancement d’Akon Lighting Africa, une initiative visant à électrifier l’Afrique grâce à l’énergie solaire.
« Nous avons juste commencé par créer de l’énergie solaire pour les zones rurales et les foyers, sans idée derrière la tête. Nous n’avons même pas demandé d’argent aux pays concernés. Nous avons utilisé notre propre argent au début (entre 100 000 et 200 000 dollars pour l’installation d’un programme pilote dans un village; ndlr) ». Pourtant, son initiative avait fait de nombreux sceptiques. D’abord à cause de sa carrière musicale. « Beaucoup de gens disaient : c’est un musicien, que peut-il bien faire dans le domaine de l’énergie », avait confié Akon dans une interview. Puis il y a ceux qui pensaient que ses objectifs étaient purement lucratifs. Mais l’artiste l’assure, Akon Lighting Africa est avant tout sa manière à lui de participer au développement du continent. « Je ne pense pas que la charité aide l’Afrique. Je pense que la seule façon de construire ce continent est d’y implanter des entreprises qui génèrent des revenus importants et créent des opportunités pour la population locale ».
Récemment, le chanteur américain a déclaré sur Instagram au début de l’année 2020 qu’il est officiellement le propriétaire d’une toute nouvelle ville dans son pays Akon City sera une ville toute autonome financée en partie par le tourisme en accord avec le gouvernement sénégalais. L’objectif étant de développer les atouts du Sénégal pour les voyageurs du monde entier et ainsi de gonfler l’économie locale. Pour parvenir à ses fins, le rappeur a affirmé le mardi 16 juin que pas moins de six milliards de dollars allaient être investis par la société d’ingénierie KE International dans son projet révolutionnaire.
En plus du développement touristique, la ville devrait aussi permettre une expérience inédite en termes d’échanges financiers. En effet, la monnaie utilisée sur place sera le Akoin, une cryptomonnaie créée par Akon pour aider les monnaies africaines à se stabiliser dans leur ensemble. Le but pour Akon est de relancer certaines monnaies africaines à la dérive, pourries par l’inflation et la corruption.
La construction de la ville devra cependant se faire en plusieurs étapes. D’ici 2023, des routes, un hôpital, un centre commercial, un commissariat, une station de traitement des déchets, une école et une centrale électrique devraient d’abord être bâtis. Des parcs, des universités, un complexe sportif et un stade seront ensuite construits d’ici à 2029. La dernière étape sera alors de faire venir des entreprises qui travailleront sur sa cryptomonnaie.
Cela fait un moment qu’Akon travaille sur ce projet de ville moderne et touristique. L’artiste en avait déjà discuté avec le président sénégalais Macky Sall en 2018 alors que celui-ci venait de lui donner un terrain de 2 000 hectares, proche du nouvel aéroport international du Sénégal.
Dans une interview avec Nick Cannon sur la radio Power 106FM à Los Angeles, Akon s’était montré frustré par le manque d’investissement de ses confrères qui ont réussi dans la musique ou le divertissement : “Si tu es assis sur un milliard de dollars à la banque, alors qu’il y a tous ces gens qui souffrent et se battent pour leur survie, c’est complètement fou pour moi, c’est du gâchis”.