Le rôle du Franc CFA dans le Développement du Sénégal
A l’image de beaucoup de pays Africains, le Sénégal accède à la souveraineté internationale en 1960. La longue histoire d’amour et de destin entre le Sénégal et le franc CFA commence en 1945 quand la France ratifie les accords de Bretton Woods avant de procéder à la première déclaration de parité du Franc des Colonies Françaises au Fonds Monétaire Internationale (FMI.) Cette monnaie prendra la dénomination de ‘Franc de la Communauté Financière Africaine’ pour les Etats membres de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) qui deviendra Union Economique et Monétaire Ouest-Africain (UEMOA.) Le franc CFA sera au cœur du processus économique des anciennes colonies françaises, de l’indépendance à nos jours. En juillet 2020, le Franc CFA devrait être remplacé par l’ECO. L’union sacrée entre le Sénégal et la Franc CFA frise la soixantaine et mérite qu’on s’y arrête sans occulter les perspectives.
Le Franc CFA est le nom de deux monnaies communes héritées de la colonisation Française et utilisée par des pays d’Afrique composant la zone Franc. Le Franc CFA est émis par la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) et signifiait initialement, ‘Colonies Françaises d’Afrique.’ En Afrique, la zone franc est constituée des espaces monétaires et économiques, ces ensembles, formés d’États et de territoires, sont issus de l’évolution et des transformations de l’ancien empire colonial français et d’États qui n’étaient pas des colonies françaises. Après l’accession à l’indépendance, la plupart des nouveaux États sont restés dans un ensemble monétaire homogène, dont le cadre institutionnel a été rénové et qui a été structuré par un système de change commun. Leurs devises sont des contre-valeurs à parité fixe avec l’euro, dont la valeur est garantie par le Trésor public français. 8 Etats dont le Sénégal forment l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africain (UEMOA) avec comme institut d’émission, la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) tandis que la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) a pour institut d’émission la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC.) A côtes de ces deux banques, depuis 1945, la Banque de France est le troisième acteur du système monétaire Africain. C’est ainsi que le franc CFA est arrimé à l’euro selon une parité fixe garantie par la France. En contrepartie, les pays de la zone franc ont l’obligation de déposer 50 % de leurs réserves de change au Trésor français sur un compte rémunéré. Annuellement, la Banque de France reverse les intérêts obligataires de leurs réserves aux pays africains. C’est aussi en France que sont imprimés les billets de francs CFA. Le système garantit aux pays africains concernés la possibilité de convertir le franc dans n’importe quelle autre devise ainsi que la stabilité de la monnaie. Le fait que le franc CFA soit indexé sur l’euro, met ces pays à l’abri de brusques dévaluations, mieux, le système permet des transferts de capitaux à l’intérieur de la zone monétaire libres et gratuits. Au fil du temps certains pays ont le fait le choix d’introduire leur propre monnaie. Quelques pays d’Afrique de l’Ouest ont aussi choisi d’adopter le franc CFA sans avoir jamais été des colonies françaises. Après dévaluation en 1948, le nouveau Franc Français est instauré en 1960 avant la dévaluation du Franc CFA le 12 janvier 1994. Ce n’est qu’en 1999 qu’interviendra l’arrimage du Franc CFA à l’euro.
Aux lendemains des indépendances, les critiques contre cette monnaie fusent, certains pointent du doigt le mécanisme du franc CFA qui pérennise des relations dépassées entre les pays fraîchement indépendants et l’ancienne métropole coloniale. Pour beaucoup, les États africains sont privés d’un réel pouvoir monétaire, rouage d’une réelle indépendance avec le Franc CFA. D’ailleurs certains pays quitteront la zone Franc pour cela, certains la réintègrent. La relation entre le Franc CFA et la Banque de France ne fut pas de tout repos pour les anciennes colonies, puisque quand le Franc Français était dévalué, toutes les grandes monnaies devenaient chères, les produits plus onéreux et les dettes en dollars plus lourdes. Parallèlement, les exportations des pays de la zone Franc devenaient plus compétitives, mais comme elles ne concernaient en général que des produits agricoles de base dont la demande n’était pas forte, l’avantage s’avérait très faible excepté pour la France qui voyait ses produits industriels acquérir un avantage concurrentiel dans la zone Franc. Les circonstances d’obtention d’indépendance du Sénégal font qu’après l’accession à la souveraineté internationale en 1960, l’État du Sénégal était dans l’obligation de subvenir aux besoins essentiels de population en tant que nouvel Etat. Les premiers plans de développement sont quinquennaux avant que le pays ne décide d’appliquer les Programmes d’Ajustement Structurel (PAS) vers la fin des années 1970. Lesdits plans avaient pour but de stabiliser le cadre macroéconomique et de relancer l’activité économique. A partir des années 2000, la stratégie de réduction de la pauvreté, de développement et d’émergence sont successivement les fondements des plus hautes autorités Sénégalaises. Tout d’abord, le Sénégal s’attèle sur la période 2003-2010 à réduire le nombre de pauvres en facilitant l’accès aux services sociaux de base (éducation, santé, eau potable, assainissement . . .) et en augmentant les revenus des habitants. Ensuite, c’est au tour de la Stratégie Nationale de Développement Économique et Social (SNDES) de miser sur la valorisation des secteurs porteurs de croissance. Et depuis 2014 l’émergence est l’objectif fixé par les autorités Sénégalaises à travers le Plan Sénégal Émergent (PSE). Toutefois, si le cadrage macroéconomique est maîtrisé, les moyens sont déployés pour les objectifs de croissance économique forte et durable. Le Programme d’Urgence de Développement Communautaire (PUDC) orienté du côté social et le Programme d’Urgence de Modernisation des Axes et Territoires frontaliers (PUMA) s’ajoutent au PSE au niveau national là où la coopération diversifiée régit les politiques publiques au niveau international. D’ailleurs, l’étude prospective horizon 2035 prend en compte l’interdépendance à la mondialisation, l’environnement naturel, les facteurs culturels, l’évolution de la population, la gouvernance équitable, la décentralisation progressive, la trajectoire économique toujours planifiée, les systèmes sanitaire et éducatif, le cadre urbain et l’habitat sans oublier la dimension genre. Aujourd’hui, l’économie Sénégalaise connait un dynamisme, une vitalité et une viabilité même si le faible niveau de départ de l’économie et la forte croissance démographique doivent être maîtrisés comme l’expliquent les spécialistes de l’intelligence Economique. Les bons résultats économiques du Sénégal s’expliquent par la vitalité des exportations qui ont augmenté, soutenues par une diversification des produits agricoles, de la pêche et du secteur extractif. Le taux de croissance de 6% en dit long sur le travail effectué dans la marche vers l’épanouissement de toute Sénégalaise et tous sénégalais. Les ressources naturelles et la découverte de gisements de gaz et de pétrole au Sénégal donnent l’espoir pour des lendemains bien meilleurs et même un développement jamais atteint. En effet, le Plan Sénégal Emergent (PSE), vise à mettre en œuvre sur 30 ans des réformes économiques prioritaires et des projets d’investissement en vue d’augmenter la croissance économique tout en préservant la stabilité macroéconomique et la viabilité de la dette.
Plusieurs projets comme la relance de l’exploitation des mines de fer ou du secteur de l’énergie sont en phase d’’exécution, et devraient permettra la création d’emploi de même que la restructuration d’entreprise en difficulté. Faire de Diamniadio une ville moderne afin de désengorger la capitale Dakar fait partie du Plan Sénégal Emergent. Le Plan Sénégal Emergent a permis la réalisation de nombreux projets comme l’aéroport international Blaise Diagne de Diass, le train express régional TER, l’hôtel 5 étoiles, la gare des gros porteurs, l’autoroute Ila Touba…entre autres. Depuis 2016, le Sénégal augmente le programme national d’allocations familiales, les logements sociaux et le programme d’urgence de développement communautaire. L’approvisionnement en électricité est une contrainte majeure pour le développement du Sénégal comme stipulé dans le Plan Sénégal Emergent. Précédemment il y’a eu le ‘Yoonou Yokkouté’ qui a permis les bourses de sécurité sociale, la carte d’égalité des chances, la couverture maladie universelle, des programmes visant à alléger la précarité des plus vulnérables de la population Sénégalaise. L’objectif final reste d’assurer à chaque Sénégalaise et Sénégalais la possibilité de réaliser sa « légende personnelle.»