Lycée Lymodak : Qui est le sergent Malamine Camara ?

Né au Sénégal en 1850 et décédé à Dakar en janvier 1886, Malamine Camara a été un sous-officier d’infanterie coloniale qui joua un rôle déterminant dans la conquête française du Bassin du Congo. Il a été recruté au début de 1870 par l’armée française comme laptot.

En 1879, Pierre Savorgnan de Brazza revenait de son premier voyage sur le Haut Ogooué. Quelques mois après, sans prendre le temps de se reposer des fatigues endurées, il obtint une nouvelle mission du gouvernement français et repartit, le 27 décembre de la même année, pour le Gabon. En passant à Dakar, au Sénégal, l’explorateur français choisit Malamine Camara, un caporal sénégalais qui allait bientôt être promu sergent, comme chef de ses dix laptots, pour l’accompagner dans son expédition. Le sergent Malamine Camara s’est très tôt fait remarquer par sa bravoure, sa générosité et sa clairvoyance politique.

Le 10 septembre 1880, année de la signature du traité d’amitié Brazza et Makoko Iloo1er qui établissait les droits de la France sur la rive droite du fleuve Congo. Le 3 octobre 1880, de Brazza écrivit le texte qui donna naissance à la localité qui deviendra la future ville de Brazzaville, en présence des chefs locaux de Makoko et de son fidèle compagnon, Malamine Camara, ainsi que d’un autre laptot sénégalais San Batiam.

En octobre 1880, Brazza quitta la rive droite du fleuve Congo pour la France et à son absence, il laissa le poste de Mfoa (future Brazzaville) entre les mains d’un petit détachement de deux soldats seulement commandé par le sergent Malamine Camara.

Le souvenir que garde l’ancienne cité du poste de Mfoa du sergent Malamine, qui devint Brazzaville, se trouve à l’actuel emplacement de la Banque commerciale internationale, ex-Société générale, ex-Unioon congolaise des banques, ex-Cofipa, en face de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale, à la place de la Grande poste, en biais de l’ambassade de France, où a été placé, pour la toute première fois, le pavillon français en 1880.

En juillet 1881, l’explorateur Stanley arriva à Mfoa, siège du gouvernement français. Malamine, précédé de son précieux pavillon, se porte devant lui, muni de la copie du traité signé du Makoko et de Brazza, le 10 septembre 1880, et qui plaçait son territoire sous l’autorité de la République Française. La détermination de Malamine est telle que Stanley et ses hommes n’insistent pas et retournent sur la rive gauche.
Stanley écrivit, plus tard dans son mémoire (The Congo and the fouding of its free state), qu’il avait été impressionné par l’attitude du sergent Malamine qui, outre une grande fermeté dans le respect de sa mission, faisait preuve d’une forte autorité. Cette rencontre entre les deux hommes peut être considérée comme une cause bien lointaine de la célèbre Conférence de Berlin, car c’est de là que naît le conflit territorial, l’une des causes majeures de cette conférence internationale.
A cet homme encore jeune (mais qui avait déjà des valeurs de loyauté et d’autorité en lui), revint la charge d’administrer un territoire encore inconnu pour lui. C’est ici qu’il sied d’évoquer le rôle politique de cet interprète de Savorgnan de Brazza. Il s’est agi de sauvegarder l’autorité, la tutelle de la France sur la rive droite du Congo ; prendre en main la gestion de cet espace accordé par le Makoko Iloo1er qui, faut-il le rappeler, était situé entre deux rivières, Impila (la Tsiémé aujourd’hui) en amont, et Djoué, en aval ; mettre en place les bases d’une administration locale en gérant l’ensemble des villages situés sur l’espace désigné par le traité de Mbé en y faisant respecter l’autorité de la France. Ce rôle politique peut bien faire de lui le premier administrateur-maire de ce qui sera plus tard Brazzaville ; gérer les rapports entre cette nouvelle autorité et Mbé, la capitale du royaume.
Si aujourd’hui l’état Congo existe, c’est bien parce qu’il y a eu des hommes qui en ont jeté les bases et veillé à cette construction. Ce fut le cas du sergent Malamine Camara. Il ne serait que justice pour le Congo Brazzaville, le Sénégal et pourquoi pas la France de rendre un hommage mérité à ce sous-officier, digne fils d’Afrique.Source: adiaccongo

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