Mali : IBK chute comme un oiseau sans ailes
Le régime boiteux d’Ibrahima Boubacar Keita qui ne tenait jusque-là que sur une béquille tordue par les coups fracassants d’un Imam Dicko sans piété, n’aura pas survécu aux morsures démoniaques des COUPS D’ETAT répétitifs qui ne cessent de secouer son pays pratiquement depuis les lustres de l’indépendance. En réalité, les mardis noirs ont repris d’une manière brumeuse ce 18 août 2020, une autre journée qui vient compléter la liste de 3 putschs depuis 1968.
A bien des égards, observateurs avertis que nous sommes, avions vu, dès l’aube des ribambelles de soulèvements populaires, ce brouillard politico-militaire qui se profilait dans une région fragilisée par les attaques rebelles mais également par la mauvaise gestion de IBK et de ses acolytes perdus sous les feux joyeux du pouvoir. En effet, l’architectonique de la gouvernance d’Ibrahima Boubacar Keita ne tenait plus sur ses socles rongés par la fourberie, la corruption, le despotisme familial et les nombreuses fraudes électorales. A ces dérives nébuleuses s’ajoutait déjà son impuissance manifeste devant la question brûlante des groupes rebelles du nord qui ne cessaient d’avoir une emprise large sur ce vaste territoire. L’armée, confrontée à des difficultés de logistiques sous les magouilles de la Commission de la Défense Nationale dirigée par le sulfureux Karim Keita, fils du désormais ex Président malien IBK, était à bout de souffle des kyrielles d’humiliations subies au Nord. Ces nombreux facteurs additionnés aux manifestations qui se sont tenues dans le pays depuis le début de cette année et dirigées par l’Imam Dicko, l’Ayatollah de la révolution malienne, ont occasionné la chute d’un régime déjà perdu.
Mardi matin, alors qu’un ultimatum avait été déjà donné à IBK de quitter le pouvoir à 14h GMT, des tirs sont entendus depuis Kati qui abrite le camp Soundiata-Keita se trouvant à 15 km de Bamako. La journée restait mouvementée dans cette partie de la région ouest-africaine et les rumeurs d’un nouveau coup d’Etat traversaient déjà les frontières. C’est en début de soirée que l’information se confirmera : IBK est arrêté par les hommes du Colonel Goita, celui qui va se déclarer mercredi soir dans une conférence de presse comme étant le chef du putsch dirigé contre le régime en place. C’est au cours de cette soirée du mardi, très agitée, que l’ex Président va annoncer sa démissionner sur les antennes de la chaine nationale ORTM. De force ou de gré ? Rien jusque-là ne peut être affirmé. Mais selon les informations obtenues du Colonel Wagué porte-parole des putschistes, IBK savait d’ores et déjà qu’il ne pouvait plus continuer à la tête du pays et était obligé de rendre le tablier comme l’avais souhaité depuis des mois par le M-5.
Les nombreuses tentatives de médiation portées par les Chefs d’Etats de la CEDEAO n’auront pas eu effet escompté pour réconcilier le peuple avec un Président fort détaché des réalités de son pays. En effet, les troubles socio-économiques qui ont frappé le pays et les malheurs découlant des tensions sécuritaires ont entrainé le désarroi des populations face à un régime plus préoccupé par un partage du butin.
Les niaiseries de nos politiques en Afrique finissent toujours par pousser les peuples à porter un combat qui mènent inéluctablement vers la révolution faisant tomber des régimes perdus dans le népotisme et les lubies sans fin.
La chute d’Ibrahima Boubacar Keita doit rester aujourd’hui une leçon pour ses pairs de la sous-région tous à la quête d’un troisième mandat illégitime et illégal. Peut-être que cela explique d’ailleurs leurs mesures précipitées contre les putschistes au Mali en guise d’avertissement. Mais ce qu’il ne faudrait pas perdre de vue est que les populations subsahariennes sont aujourd’hui plus que jamais préoccupées par leur destin et se refusent des dirigeants qui tentent par tous moyens de s’éterniser au pouvoir.