Rébellion en Casamance:les révélations secrètes de Mamadou Mouth Bane “les rebelles recrutent dans les écoles primaires…”

Après des jours d’affrontements au Nord de la Casamance,l’armée sénégalaise a pris le dessus sur les bases rebelles du Mfdc, installées dans cette zone.C’est ce qu’a confirmée le journaliste Mamadou Mouth Bane. Dans cette contribution, il révèle que le chef rebelle Salif Sadio, qui tenterait de fuir vers le Sud de la Casamance, bénéficie du soutien de certains militaires Gambiens. Il informe également qu’un seul soldat est décédé dans ces affrontements, contrairement au rumeurs.Il est allé jusqu’à démontrer la force des rebelles qui se trouverait dans le recrutement des jeunes au niveau des écoles primaires.

Voici In extenso sa contribution

L’armée sénégalaise a pris le dessus sur les bases rebelles du Mfdc, installées dans le Nord de la Casamance. C’est ce qu’a indiqué le journaliste Mamadou Mouth Bane. Dans cette contribution, il révèle que le chef rebelle Salif Sadio, qui tenterait de fuir vers le Sud de la Casamance, bénéficie du soutien de certains militaires Gambiens. Il informe également qu’un seul soldat est décédé dans ces affrontements, contrairement au rumeurs.

In extenso

Le week-end dernier, la situation a été confuse à Bignona. Pris dans l’étau au nord vers Sindian, les hommes de Salif Sadio ont dû fuir leurs bases pour tenter de rejoindre le Sud en traversant Ziguinchor. Les services de renseignement étaient bien informés de leur intention d’abandonner la zone nord. Alors, les populations ont été invitées à rester chez elles pour éviter des victimes civiles.

Samedi dernier, des échanges de tirs à l’arme lourde entre l’Armée et les troupes de Salif ont été entendus à l’entrée de la ville de Bignona. Il a été aussi révélé des braquages contre des commerçants par les rebelles. Les populations étaient terrorisées par cette situation qu’elles n’ont pas revue depuis plusieurs années. Cependant, la bonne nouvelle c’est que l’Armée contrôle toute la situation au sud du pays. Elle a occupé toutes les voies d’accès dans la ville ainsi que dans d’autres localités privant ainsi aux rebelles des espaces d’expression et de redéploiement.

Les positions des rebelles ont subi des attaques aériennes. Les bases de Salif Sadio au niveau de Karounor ont été prises par l’armée sénégalaise. Et les troupes rebelles ne pouvaient plus traverser les frontières sénégalo-gambiennes du fait de sa fermeture par les soldats de la CEDEAO.

Aujourd’hui, les voies d’accès sur le territoire gambien à partir de la Casamance sont contrôlées par les soldats de la CEDEAO (Sénégalais). Tous les mouvements des populations sont strictement contrôlés par l’armée qui ne voudrait pas que les rebelles s’infiltrent parmi les civils. Dans ce conflit, la coopération des soldats gambiens est exemplaire. Seulement, il faut reconnaître que les hommes de Salif Sadio bénéficient toujours du soutien de certains soldats gambiens proches de Yahya Jammeh.

A la suite des bombardements des positions rebelles par les avions de l’armée sénégalaise, les Diambars ont lancé une offensive terrestre. C’est ainsi qu’ils ont pu réussir à mettre la pression au sol, sur les rebelles qui n’avaient plus de solutions vers le nord. Ils auraient perdu beaucoup d’hommes et de matériels dans cette offensive. En plus, ils n’ont plus de zone de repli, ni vers la Guinée ni en terre gambienne. C’est le sauve-qui-peut.

Pour sauver leur peau, les rebelles ont décidé de descendre à tout prix, vers le Sud. Pour cela, il fallait ouvrir un front vers Bignona pour pousser l’armée sénégalaise à se redéployer sur cette zone. Ainsi, ils auront réussi à desserrer l’étau vers Sindian pour ensuite rejoindre le Sud de la Casamance en traversant Ziguinchor. C’est leur stratagème pour échapper à l’offensive de l’armée.

Cependant, c’est encore très difficile pour eux. Car, pour traverser Ziguinchor et rejoindre le Sud, il faudra passer par les axes suivants : D’abord, l’axe du fleuve est contrôlé déjà par l’armée. Ils peuvent essayer de passer par la route de Tobor et Niamone pour accéder à Ziguinchor. Ils devront contourner certaines localités pour tenter de passer par le pont d’Emile Badiane. Ce qui serait un grand risque pour eux. Car l’armée contrôle toute cette zone de même que le pont en question fortement surveillé par les forces de défense sénégalaise.

Ensuite, il y a l’axe routier qui mène à la forêt Bignona puis Tobor, Niamone et ensuite Ziguinchor. En plus, les rebelles peuvent emprunter l’axe du Bluff, Balingor, barrage d’Affignam qui est risqué à cause du grand camp de gendarmerie situé dans cette localité.

Le passage par la localité de Tobor pour entrer à Ziguinchor est un chemin trop risqué aussi pour les rebelles qui ont d’énormes difficultés présentement à cause des offensives de l’armée soutenue par les soldats de la CEDEAO au niveau des frontières gambiennes. A défaut de pouvoir continuer le chemin vers le nord, ils essayent de faire de la diversion aux alentours de Bignona, afin de traverser Ziguinchor et descendre au sud.

Au niveau du fleuve, les soldats devront bien surveiller les petites pirogues qui permettent souvent aux rebelles d’échapper à l’occasion des combats. Ces petites pirogues leur permettent de rejoindre le sud en contournant certains axes sous contrôle de l’armée.

Même si l’on a remarqué que les populations se sont désolidarisées du Mfdc, il y a toujours quelques personnes prêtes à les aider dans leurs activités. Les populations du Sud qui ont trop souffert de cette situation n’entendent plus soutenir cette rébellion transformée en cartel criminel. La jeunesse et les femmes de la Casamance ont tous tourné le dos au Mfdc qui n’a ni tête ni queue. Seul le délinquant Salif Sadio tente d’exister par le trafic de bois et par la commercialisation de la drogue cultivée dans les champs au niveau des zones qu’il contrôle.

Les Forces de défense devront intensifier les contrôles au niveau des axes routiers. Car, les rebelles, très souvent, enterrent leurs armes dans les forêts pour ensuite marcher à pieds tranquillement pour entrer dans les maisons sans susciter la curiosité des soldats ou des populations. Ils ont créé beaucoup de caches d’armes dans les villages avec la complicité de certaines populations, leurs parents pour la plupart.

Au niveau de la Gambie, plusieurs soldats proches de Jammeh, plongés dans l’incertitude à l’arrivée d’Adama Barrow, avaient rejoint les troupes de Salif Sadio en Casamance. Déjà, ils avaient fait la connaissance de ce chef rebelle alors que Yahya Jammeh était au pouvoir. Salif a beaucoup collaboré avec le régime de Jammeh. Il devrait d’ailleurs être poursuivi par Human Rights Watch pour les crimes commis par le pouvoir de Yahya avec la complicité du Mfdc. Car plusieurs personnes exécutées ont été enterrées dans des fosses communes situées dans les zones contrôlées par Salif Sadio.

A Kanilay, l’ex président gambien avait offert beaucoup de privilèges à ces troupes rebelles de la Casamance. Salif Sadio disposait d’un logement à Kanilay, et ses hommes étaient hébergés dans une cité non loin de ce village, nourris et soignés par le régime gambien d’alors. C’est de là-bas qu’était organisé le commerce du chanvre indien et du bois au vu et au su des autorités gambiennes notamment le président Jammeh. D’ailleurs, depuis la chute de Jammeh, la Gambie connait très souvent des ruptures dans la fourniture du chanvre indien car plusieurs champs ont été détruits par l’armée sénégalaise. Le «yamba» cultivé en Casamance est très prisé en Gambie. Il est commercialisé par les rebelles du Mfdc. Une partie du «yamba» était exportée vers l’extérieur, l’autre était destinée à la consommation locale.

Alors, pour continuer leurs activités criminelles, des soldats proches de Jammeh avaient rejoint Salif Sadio avec armes et bagages. D’autres soldats gambiens ont préféré rester dans leur armée tout en maintenant leurs relations avec le Mfdc, son leader Salif Sadio et leur ancien mentor Yahya Jammeh établi en Guinée Equatoriale. Ce lien n’a jamais été rompu pour des raisons financières, politiques et militaires. Tout un réseau de trafic et de commerce illicite a été créé par Jammeh, Salif et leurs proches. Ce business criminel nourrit plusieurs familles et certains soldats gambiens ainsi que les rebelles n’entendent pas l’abandonner facilement. Certains militaires gambiens gagnent plus avec ce business criminel qu’avec leur propre Etat qui leur octroie des salaires dérisoires.

En Gambie, des rebelles membres du camp de Salif Sadio mènent leur vie tranquillement et n’attendaient que le signal pour reprendre les armes. Mais, face à cette situation extrêmement difficile, dans laquelle est plongé le mouvement, ces rebelles établis en Gambie, ont préféré s’éloigner du terrain d’affrontement. Selon certaines sources, depuis plusieurs semaines, ils font des sacrifices de bœufs et beaucoup de riz distribués, en guise d’offrande pour soutenir leur leader Salif Sadio. Dans cette localité située non loin de Kanilay, la peur et la tristesse se lisent sur tous les visages de ces proches de Salif Sadio. Ils semblent comprendre que la fin est proche pour ce dernier. Ils sont plongés dans le désarroi en terre gambienne. Leur seule occupation c’est la prière en faveur de leur guide Salif.

Du temps de Yahya Jammeh, les affrontements entre les rebelles du Mfdc et l’armée sénégalaise barraient la «Une » des journaux. La presse proche de Jammeh soutenait les rebelles dont certains étaient membres de la garde rapprochée de leur président. Cette fois-ci, aucun média n’en parle. C’est le blackout total de la presse gambienne. Les autorités gambiennes ont adopté une position neutre après avoir fermé leurs frontières à l’image de celles de la Guinée Bissau.

Banjul a beaucoup à gagner dans cette guerre contre le MFDC car, plusieurs rebelles s’allient avec des soldats gambiens. Et leur rêve c’est de voir Yahya Jammeh revenir au pouvoir. D’où l’intérêt pour Adama Barrow de voir la rébellion décimée et le renforcement de la présence de l’armée sénégalaise en Gambie. Voilà pourquoi, Dakar a intérêt à avoir deux régimes stables en Guinée Bissau et en Gambie. Ce qui explique le soutien constant du président Macky Sall à Adama Barrow et au Général Emballo. Il devrait en être ainsi avec le Mali pour des raisons historiques, économiques, politiques et sécuritaires. Le président sénégalais doit se rapprocher du Mali, car les Etats n’ont pas d’amis, ils défendent leurs intérêts. Or, l’intérêt du Sénégal c’est la réouverture des frontières et la reprise du trafic entre Dakar et Bamako. Cela va aussi faciliter la coopération dans le domaine du renseignement dans un contexte de lutte contre le terrorisme, la criminalité transfrontalière et au vu de tous ces mouvements d’individus entre le Mali et les sites d’orpaillage de Kédougou.

L’armée sénégalaise a réussi à occuper les 03 positions de Salif Sadio. Ensuite, elle a détruit toutes leurs armes, leurs munitions et explosifs trouvés sur place. Il s’agit d’un véritable butin de guerre qui devrait faire l’objet d’une large diffusion médiatique pour montrer la bravoure des soldats sénégalais. Plusieurs armes retrouvées au front seraient issues des rangs de l’armée gambienne. Ce qui confirme que les soldats gambiens du camp de Yahya étaient du côté de Salif Sadio.

Ce chef rebelle devrait faire l’objet d’un procès public pour des crimes commis mais aussi par le recrutement de mineurs comme combattants dans les rangs du Mfdc. Selon une source, les rebelles recrutent dans les écoles primaires. C’est la seule solution dont il dispose pour renforcer son armée, et pour disposer de troupes afin de perpétrer ses crimes en Casamance. L’Etat du Sénégal devra porter plainte pour ces recrutements d’enfants soldats par le camp de Salif. Ensuite, le Sénégal doit mettre à l’écart l’ONG italienne Sant Egidio qui tire toute sa crédibilité dans la gestion nébuleuse de ces genres de conflits.

Il a été remarqué une information sur la mort supposée de deux soldats sénégalais au cours des combats. Il s’agit d’un fake news. Un seul soldat est mort. Il est du BATCODO. Il a été incorporé en 2019. Il est ressortissant de Djibanar. D’ailleurs, son père a été tué par les rebelles parce qu’il avait refusé de rejoindre les rangs du Mfdc. Ensuite, comme d’habitude, lorsqu’il y a mort d’un soldat, la DIRPA publie un communiqué suivi d’une levée de corps publique. Tant que cela n’a pas été fait, nul ne peut avancer avec certitude la mort d’un soldat.

Mamadou Mouth BANE

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